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Histoire lacunaire de la mairie de Saint-Angeau

 

Jusqu’au début du XXe siècle, la commune de Saint-Angeau n’a pas eu de bâtiment dédié à la mairie, contrairement à bien des communes du département qui se sont dotées de mairies, voire de maires-écoles dès les années 1880-1890. Les réunions du conseil municipal se déroulent dans un local, dont on ignore tout et pour lequel la commune verse un loyer annuel de 75 frs. Lors de la séance du conseil du 11 janvier 1897, il est noté que « la commune paye un loyer pour la mairie, ses ressources n’ayant pas encore permis d’en faire bâtir une ». En cette dernière décennie du XIXe siècle, une grande partie du budget communal est, outre les dépenses courantes et celles de l’entretien des chemins vicinaux et ruraux, absorbée par les travaux de la caserne de gendarmerie et de l’école. Les registres des conseils municipaux de la fin du XIXe et du début du XXe siècle mentionnent juste que les séances se tiennent « salle de la mairie ».

 

La construction de la mairie est l’un des plus grands projets d’Arsène Roudy, maire de Saint-Angeau pendant 47 ans, de 1884 à 1931. Il succède à son père Jean, maire de 1848 à 1884. Saint-Angeau a ainsi connu 83 ans de « règne Roudy ». Arsène Roudy a reçu la croix de la Légion d’honneur en 1911 pour « ses bons et loyaux services en tant que maire de Saint-Angeau » ; il doit démissionner en 1931 pour cause de maladie.

 

Nos connaissances sur l’histoire du bâtiment sont lacunaires : seules des bribes d’information nous parviennent à la lecture des registres des délibérations du conseil municipal.

L’emplacement de la mairie actuelle était occupé par le presbytère qui devient bien national suite à la Révolution. En janvier 1907, le Préfet demande au conseil municipal de décider du sort des bâtiments de cet ancien presbytère, celui-ni n’étant pas loué. Lors de la séance du conseil du 10 février 1907, « le Conseil à l’unanimité décide de transformer le presbytère en un petit hôtel de ville dont la commune a grand besoin. Depuis un temps très long, la commune est obligée d’affermer un local pour la mairie. » Il faut attendre la séance du 8 août 1909 pour que le conseil vote à l’unanimité pour la construction d’une nouvelle mairie et nomme une commission « pour s’entendre avec le maire et l’architecte tant au sujet de l’emplacement choisi que du devis de la nouvelle construction ».

Le 8 mai 1910, le conseil vote le budget pour la construction selon les évaluations de l’architecte qui s’élèvent à 19 000 frs. Un emprunt de 12 700 frs sur 30 ans est réalisé auprès de la Caisse Nationale des Retraites pour la vieillesse. Lors de la séance du 5 août 1911, le Conseil décide d’assurer les bâtiments de la nouvelle mairie à la Mutuelle de Poitiers. Lors de celle du 19 novembre de la même année, le conseil doit trouver des fonds supplémentaires car la construction a nécessité des travaux supplémentaires pour assurer la stabilité des fondations de l'édifice « qui ont occasionné des fouilles très profondes et nécessite l’emploi de béton ».

On peut imaginer la fin des travaux au cours de l’année 1912 car il n’est plus question de cette construction lors des séances du conseil après 1911.

 

L’édifice a été bâti selon la typologie d’une grande maison bourgeoise (comme l’hôtel de ville de La Rochefoucauld par exemple mais dans des proportions moindres) : seul le petit édicule au sommet de la travée centrale, comportant un fronton triangulaire et mettant en valeur l’horloge, ainsi que la mention « MAIRIE » au-dessus de la porte d’entrée précisent la fonction du bâtiment. L’architecture est à la fois sobre et soignée : la sculpture y est discrète et marque les points névralgiques du bâtiment : la porte d’entrée et l’horloge. Ce bâtiment de deux niveaux comporte bureaux et salle du conseil et des mariages au rez-de-chaussée et salle des fêtes à l’étage. Cette salle a servi notamment pour les spectacles de la troupe de théâtre locale de René Laporte restaurateur et metteur en scène et pour des concerts. La collection insolite des landaus de Mme Paraud y a pris place à partir des années 1980.

Aujourd’hui la mairie s’apprête à vivre une autre phase de son histoire et devenir le siège de la commune nouvelle qui sera créée à partir du 1er janvier 2018.

Nathalie Guillaumin-Pradignac - octobre 2017

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